Jour après Jour Printemps 18

L’ATELIER TORAMUR A UN AN ! Alors que je pensais ne plus pouvoir raconter grand chose, après les quatre articles précédents :

Jour après jour

Jour après jour Juin 17

Jour après jour Juillet-Août 17

Jour après Jour Automne 17 Hiver 18

il s’avère que SI :

  • Tout d’abord, l’aventure de la mise en vente de nos objets en boutique.

Nous avons été contactés sérieusement par deux personnes intéressées par nos créations : un salon de thé et une boutique d’artisans. Flattés, nous avons accepté de produire davantage, pour présenter un stock raisonnable de mugs, bols et breloques pour l’une et une compilation variée d’objets, grès et raku, pour l’autre.

Poterie Toramur Breloques

Après l’enthousiasme initial, la remise émouvante de nos objets, direction Brest, ou leur installation minutieuse  en boutique au Guilvinec, nous nous sommes sentis désemparés…quoi c’est tout ? c’est fini ? Tout ce travail pour quasiment doubler notre stock et puis plus rien ?

Silence radio de Brest. Nous ne savons pas comment se comportent nos godets, s’ils plaisent, s’ils sont invisibles, s’ils se vendent…Nous finissons par nous lasser de demander des nouvelles. Quelques évidences s’imposent :  nous ne fabriquons pas une marchandise majeure et vaccinée ;  nous nous inquiétons du sort de nos créations ; nous avons besoin du contact, du regard et des remarques des clients potentiels. Et puisque on n’a aucun retour sinon quémandé, et bien tant pis ! Tout le monde rentre à la maison ! fin de l’aventure brestoise.

Trop peu de ventes au Guil. En deux mois, il ne s’est pas passé grand chose, sinon, lorsque nous étions présents à la boutique, à l’occasion d’une inauguration ou d’un marché dominical.poterie-toramur-vitrine-guil.jpg

Premier constat : Nos créations ne sont ni autonomes ni matures. Elles semblent avoir besoin de nous pour rencontrer leur futur propriétaire. Ça tombe bien, on a déjà compris qu’on était des potiers-poules !

Deuxième constat : ce rapport d’obligations vis-à-vis de la boutique, de paperasse à signer, de sous-entendus sur ce que nous pourrions mieux faire ou différemment pour vendre davantage…ce n’est pas pour nous !!! La décision de retirer nos pots est prise le temps d’un retour Guilvinec-Plogoff et tant pis si la saison est sur le point de commencer avec sans doute plus de ventes.

Enfin libres ! ( enfin re) …Bon d’accord vous pouvez encore trouvez à ce jour quelques créations à Ty délices, épicerie fine de la pointe du Raz, mais nulle contraintes ni obligations, ni nouvelles régulières d’ailleurs ! c’est pas grave, c’est pour un ami 🙂

 

  • Autre « aventure » marquante : la rencontre du potier-amateur-copieur

Quel plaisir de recevoir sur l’étal, l’amateur-fouineur-piqueur d’idées….Un jour, ça a commencé par l’attaque en règle de l’épouse : « Oh regarde, tu peux me le faire ça ?  » « ouiiii….je peux faire

– Ah ? vous tournez ?

– non ! mais je compte faire un stage, je suis dans un club de 15 et il y a un tour alors…J’étonne même ma prof avec ce que je fais ! regardez … » S’en suivent trois minutes de recherche sur le téléphone pour me montrer ses créations.

Je l’avais déjà remarqué, l’amateur passe plus de temps à montrer ce qu’il sait faire qu’à s’intéresser à ce que l’on propose….sauf s’il peut piquer 2-3 idées au passage, enfin 2-3…ce jour là ce fut : l’anse des mugs, les petites tasses à café, les tortues, et globalement le style pastille et la façon dont Gildas fabrique nos propres empruntes…

Je n’invente rien ! l’amateur fouineur n’a peur de rien, et scrute vos objets pour tenter de les reproduire. Naïvement, il pose des questions sur les processus de fabrication que vous avez mis pas mal de temps à mettre au point. Innocemment, il veut savoir, sans se rendre compte que le potier professionnel vend et vit grâce à son style propre, fruit de son travail et de ses recherches. Je lui explique donc cette différence entre l’amateur, même talentueux et le professionnel, et j’ai même le souvenir de ne pas avoir pu cacher une pointe d’agacement dans la voix. N’importe qui l’aurait entendu ! Explicitement,  je lui ai demandé de ne pas piquer toutes nos idées…

– Ah non non ! Je m’inspiiire seulement ! et j’ai acheté beaucoup de pièces à ma potière et elle m’inspire forcément…Je peux prendre une photo de  votre stand ? Mon message sans doute trop crypté n’est donc pas passé…je refuse pour la photo mais le renvoie au site où pensais-je, il pourra pomper sans vergogne,  mais sans moi, à côté à fulminer ! Grrrrrr

Je me suis dit que je prenais tout ça trop à coeur, que j’avais rencontré d’autres amateurs auxquels j’avais donné des trucs et que ça ne m’avait posé aucun problème ! alors pourquoi cet homme m’avait vraiment tapé sur les nerfs ?

Ma liste non exhaustive de traits de caractère allergogènes :  l’autosatisfaction béate de l’égocentrique, le sans-gêne, le narcissique désinvolte dont l’assurance confine à la bêtise. Ahhh ça va mieux en le disant !

Si je résume, j’ai demandé à ce monsieur, avec un ton sec et légèrement agressif,  tout à fait perceptible, de ne pas tout copier, de comprendre que ce style est ce qui nous fait vivre (avec le sous entendu de la possibilité de l’achat, prix de départ : 10 €…) et pourtant…

Le lendemain après midi, il nous rend visite à l’atelier…et le même manège recommence : les photos de ses créations, l’observation minutieuse de nos outils avec questions sur les processus de fabrication de certains objets … tout est passé en revue pendant au moins une heure !

Je ne disais Rien, j’ai laissé lâchement Gildas le gérer.  Au bout d’un moment, étant donné que j’avais préparé rageusement 22 boulettes pour tourner des petites tasses (généralement, j’en prépare 6, je monte tourner sur la mezzanine et je redescend en préparer d’autres pour tourner autre chose…il faut varier les plaisirs !), j’annonce :

« désolée, je vous abandonne, mais j’ai du travail …

– Ah bon ??? vous travaillez ??? »      ARRRRRGGGGGG

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